Cette dernière plénière de l’année, tenue sur deux journées, était principalement dédiée aux orientations budgétaires de la Région, une enveloppe de 4,1 milliards d’euros. Lors de son propos liminaire, Eliane Romani a vivement critiqué les choix de la majorité régionale. Elle a dénoncé les coupes budgétaires affaiblissent les structures culturelles et sportives tout en pénalisant les usagers des transports collectifs par une hausse des tarifs. Elle a regretté que des aides publiques soient encore accordées aux grandes entreprises sans contreparties écologiques, ainsi qu’au développement massif de la vidéosurveillance communale.

Ensuite elle a profité de sa prise de parole pour saluer la décision du Conseil d’État d’annuler le projet d’exploitation du gaz de couche en Moselle, soulignant que la protection de l’eau a enfin primé sur certains intérêts énergétiques privés. Cependant, elle a déploré que cette hauteur de vue n’ait pas inspiré le SRADDET (le schéma d’aménagement de la région). Finalement, elle a plaidé pour une sobriété synonyme de justice et de libération, affirmant que l’inaction d’aujourd’hui a déjà hypothéqué l’avenir des générations futures.
Nous sommes ensuite passé·e·s à l’examen des budgets détaillés par thématiques.
Budget primitif 2026
Lou Noirclere a critiqué les orientations budgétaires de la majorité régionale. Il a dénoncé une stratégie d’épargne excessive, faisant ressembler la collectivité à un hamster d’Alsace qui accumule des réserves pendant que la population subit l’inflation et l’instabilité mondiale.

Il a fustigé un choix idéologique d’austérité, masqué par une communication élogieuse. Il a notamment pointé du doigt la suppression du budget vert, y voyant une volonté d’éviter tout contrôle environnemental en amont.
Il a ensuite énuméré une série de « coups de rabot » touchant des secteurs vitaux : le gel du budget des lycées, l’augmentation des tarifs TER, la baisse des subventions à la culture et le désengagement de la rénovation énergétique. Enfin, il a opposé à cette gestion comptable l’ambition des écologistes, qui ont prôné une région plus protectrice face aux urgences sociales et climatiques.
Cette intervention augurait de notre vote final, en toute logique, contre ce projet de budget primitif 2026.
Budget International

Cécile Germain-Ecuer s’est réjouie que le budget International soit relativement épargné par les coupes budgétaires. Toutefois, elle a regretté la place prépondérante accordée à l’axe économique dans la politique régionale de coopération internationale au détriment de la transition écologique par exemple. Elle a aussi proposé d’accueillir de nouveau des enfants ukrainiens. Des assurances lui ont été données en ce sens.
Par un amendement, elle a ensuite demandé de ne pas limiter les aides en matière de solidarité internationale aux pays partenaires de la Région, mais d’ouvrir la possibilité à l’ensemble des pays, à partir du moment où les associations répondent à des critères définis collectivement. Celui-ci a été rejeté malheureusement par la majorité régionale. Nous nous sommes abstenu·e·s sur le vote final.
Budget Développement économique

Laure Haag s’est félicitée du fait que le budget intègre plusieurs propositions portées par les écologistes depuis le début du mandat avec par exemple la fin du dispositif d’aides aux grandes entreprises. Mais ces améliorations ont été jugées insuffisantes et révélatrices d’une vision politique privilégiant encore la compétitivité économique.
La sobriété devrait être au cœur des politiques publiques régionales. Elle a également alerté sur les menaces qui pèsent sur le secteur de l’ESS. Tout l’écosystème est aujourd’hui fragilisé. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Enseignement supérieur, recherche et innovation

Ghislain Wysocinski a critiqué un budget privilégiant les entreprises au détriment des étudiants. Il a dénoncé la remise en cause des bourses de mobilité internationale, qu’il a jugées indispensable à la formation des ingénieurs. Il a aussi alerté sur une réforme excluant certaines écoles doctorales de l’accompagnement régional. Enfin, il a déploré une coupe drastique de 56 % dans le budget de la cybersécurité, avant d’annoncer que notre groupe votait contre le rapport.
Budget Tourisme

Ludivine Perard a proposé un plan “Tourisme pour toutes et tous” pour favoriser l’accès aux vacances et la mixité sociale. En 2025, une famille sur trois n’est pas partie en vacances. Les publics modestes, les jeunes des quartiers populaires et les personnes en situation de handicap restent exclu.es des vacances. La Région a pourtant les moyens de les soutenir. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Agriculture
Laurent Dreyfus a alerté sur la disparition massive des exploitations, notant que la région a perdu 25 % de ses éleveurs en dix ans. Il a dénoncé une politique favorisant le modèle intensif et l’agro-industrie au détriment de la souveraineté alimentaire. Il a fustigé les critères d’aides trop restrictifs qui ont exclu les petites fermes et le bio. Enfin, il a plaidé pour un soutien accru aux nouveaux installés afin de protéger l’emploi et l’environnement. Il a défendu sans succès quatre amendements : exigeant 50% de produits durables dont un tiers de bio dans les lycées, des bonus pour les installations bio hors-cadre familial, le soutien à l’association Solidarité Paysans et une aide aux forêts en libre évolution pour stocker le carbone. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Culture et mémoire

Caroline Reys a dénoncé les coupes budgétaires très importantes en matière de culture. Elle a regretté une méthode de coupes uniformes de 10 %, particulièrement brutale et contraire aux engagements de la Région. Elle a alerté sur les conséquences irréversibles pour l’Orchestre national de Metz, le Centre-Pompidou Metz et l’Agence culturelle du Grand Est. Ces décisions fragilisent l’ensemble de l’écosystème culturel. Notre groupe a voté contre.
Budget Transports

Lou Noirclere a pointé du doigt la dégradation systématique, année après année, de la politique de mobilité de la Région. Il dénonce la double-peine pour les usagers qui vont payer plus cher pour un service moins performant. La Région Grand Est a perdu son temps en refusant de mettre en place dès le début du mandat une vraie stratégie aéroportuaire et de lever, dès l’année dernière, le versement mobilité. Ce sont aujourd’hui les usagers qui font les frais de cette politique de procrastination. Eliane Romani a cependant salué la mise en place prochaine de l’éco-contribution, nécessaire pour engager une politique de report du fret routier vers le ferroviaire et fluvial. Nous avons voté contre le budget.
Évolutions tarifaires Fluo Grand Est
Lou Noirclere a dénoncé la quatrième augmentation des billets de train régionaux en deux ans. De surcroît, cette hausse va impacter en premier lieu les abonnements pour les usagers réguliers. C’est une hausse de 5% dès janvier 2026 sur les abonnements TER et une envolée de la carte Fluo qui passe de 1€ à 10€ pour les jeunes et de 20 à 30€ pour la carte standard. La décision de la Région Grand Est apparaît donc incompréhensible, et injustifiable. Nous avons évidemment voté contre ce rapport.
Versement Mobilité Régional et Rural en 2026

Gérard Schann a salué le fait qu’après un an d’attente, la possibilité de prélèvement du versement mobilité soit ouverte par notre région. Un an, cela représente des dizaines de millions d’euros perdus. Pour Gérard Schann, au vu de la crise politique et économique que nous traversons, ce versement est une chance : non pas pour exercer une pression supplémentaire sur le monde de l’entreprise mais pour faire contribuer tout le monde, à sa juste place, à l’effort collectif. Nous avons voté pour ce rapport.
Phase 2 du Réseau Express Métropolitain Européen de Strasbourg (2026-2028)

Caroline Reys a salué le renforcement du Service Express de Strasbourg et le renforcement de l’offre ferroviaire dans le bassin de Strasbourg. Cela aura des incidences sur le trafic mais aussi sur l’environnement et la santé. Elle a pris l’exemple de la communauté de communes de Sélestat, où les émissions carbones sont liées, en premier lieu, au transport, qui représente 49% des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons voté pour ce rapport.
SERM Lorraine-Luxembourg

Géraldine Krin a rappelé que le projet de service express métropolitain venait combler des années de sous-investissement chronique sur le sillon lorrain. Pour elle, ce SERM devra obligatoirement inclure, pour répondre aux attentes des citoyens, la réouverture de la gare de Fontoy, la connexion entre Fontoy et Esch et l’amélioration du cadencement sur l’étoile ferroviaire de Nancy. Ces investissements sont nécessaires, et s’ils avaient été réalisés plus tôt, ils auraient pû permettre de renoncer à temps à la construction de l’A31 bis. Nous avons voté pour ce rapport.
Budget Environnement

Ludivine Perard a dénoncé la présentation d’un budget de renoncement. Elle a critiqué le désengagement de la Région envers les énergies renouvelables, notamment le photovoltaïque, fragilisant la filière. Elle a également souligné l’affaiblissement des aides à la rénovation énergétique. Enfin, elle a alerté sur l’effondrement de la biodiversité et les reculs en matière d’éducation à l’environnement, concluant par un vote contre.
Budget Territoires

Laure Haag a rappelé que l’équité territoriale exige de faire face aux urgences. La politique territoriale du conseil régional ignore les inégalités réelles : alors qu’une commune de l’Eurométropole bénéficie du Pacte Ruralité, les quartiers populaires, touchés par une pauvreté jusqu’à 27 %, sont trop souvent négligés. Face aux crises, ces territoires fragiles ont subi les premiers chocs. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Montagne
Lou Noirclere a rappelé que la politique de ruralité souffre d’un manque criant d’évaluation. Le Pacte pour les ruralités, dispersé dans d’autres enveloppes, reste inefficace et opaque. Sans suivi global ni diagnostic, les territoires les plus isolés, faute d’ingénierie, sont les grands oubliés. Résultat : un affichage politique, sans réponse aux besoins réels. Une refonte s’impose pour une politique équitable, dotée de moyens clairs et d’outils d’évaluation. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Lycées

Caroline Reys a dénoncé les contradictions du budget lycées qui, malgré des avancées comme les « Lycées Verts », gèle les dotations des lycées et ferment des filières. La Région privilégie des vitrines coûteuses au détriment du fonctionnement quotidien, fragilisant le système. Une politique innovante, mais inéquitable et peu durable. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Formation professionnelle

Laurent Dreyfus a, une année encore, tiré la sonnette d’alarme pour dénoncer les choix de la majorité concernant la formation professionnelle dans notre région. Avec 25% de budget en moins depuis le budget primitif 2024, on constate que la formation n’est plus une priorité pour la majorité. Cela aura des effets concrets et dramatiques pour les Centres de Formation des Apprentis, pour les missions locales et pour les formations sanitaires et sociales. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Sport et jeunesse

Cécile Germain-Ecuer a alerté sur la souffrance de la jeunesse régionale. En examinant le budget Sport et Jeunesse, elle s’est dite plus inquiète encore. Elle a dénoncé l’insuffisance des actions régionales en santé mentale par exemple, malgré une situation alarmante. Elle a jugé les mesures contre la précarité étudiante largement insuffisantes. Malgré quelques initiatives éducatives, elle a regretté l’absence de politique structurante et a annoncé un vote contre. Nous avons voté contre ce budget.
Budget Santé

Géraldine Krin a alerté le Conseil régional sur l’urgence de la santé mentale des jeunes actifs (50% se disent en détresse et 44% l’attribuent au travail). Un débat régional et un diagnostic partagé s’imposent, associant jeunes, professionnels et partenaires sociaux. Pourtant, le silence et le déni persistent, alors que les risques psychologiques explosent et que les soins psychiatriques sont menacés au niveau national. Nous avons voté contre ce budget.
Rapport d’Observations Définitives de la Chambre Régionale des Comptes Grand Est – Parcs Naturels Régionaux – Exercices 2018 et suivants

Laurent Dreyfus a profité de ce rapport pour revenir sur le choix de la Région de baisser de 14% la subvention allouée aux Parcs Naturels Régionaux (PNR). Les PNR doivent être avant tout des outils de protection de l’environnement et de préservation de la biodiversité. Il a soutenu une clarification de leurs missions et a appelé à renforcer leur rôle et leurs moyens.
Modification SRADDET

Laure Haag a dénoncé le manque d’ambition concrète du SRADDET Grand Est, document censé guider la transition territoriale jusqu’en 2030. Malgré l’affichage d’un engagement pour le Zéro Artificialisation Nette (ZAN), 1 000 hectares sont réservés à des projets régionaux sans critères clairs, et 100 hectares pour les territoires « sous influence » sans évaluation ni compensation. Une politique qui favorise le bétonnage au détriment des terres agricoles et naturelles.
Les objectifs sur la transition énergétique, la gestion des déchets et les mobilités restent floues et non engageants. Un document aux bonnes intentions, mais sans moyens concrets pour une transition écologique et solidaire. Nous avons donc voté contre ce rapport.
Question orale : Trains de nuit
Abordé plusieurs fois sous forme de vœu par notre groupe nous avons enfin pu aborder ce sujet par une question orale. Suite au désengagement financier de la SNCF et de l’État, les trains de nuit Paris-Vienne et Paris-Berlin s’arrêteront fin 2025. Lou Noirclere a dénoncé un recul écologique et une perte d’attractivité pour le Grand Est et Strasbourg. Nous demandons si la région Grand Est compte prendre enfin position publiquement pour demander au gouvernement de rétablir le budget dédié aux trains de nuit
Question orale : Polluants éternels
Caroline Reys a alerté sur l’augmentation préoccupante des contaminations aux PFAS dans la Région Grand Est, touchant plusieurs communes des Ardennes, de la Meuse et des Vosges, avec des interdictions de consommation d’eau potable. Elle a également évoqué la contamination révélée chez Cristal Union. Face aux risques sanitaires majeurs, elle a demandé au Président de la Région de préciser les actions concrètes prévues par la Région pour lutter efficacement contre cette pollution.
Vœu Mercosur
Via un vœu porté par Laurent Dreyfus, nous avons demandé l’arrêt des accords UE-Mercosur et UE-Mexique, jugés désastreux pour l’agriculture française. Ces accords aggravent la concurrence déloyale, tirent les prix et revenus paysans vers le bas, et menacent les normes sociales, environnementales et la biodiversité. Nous demandons au gouvernement de s’y opposer fermement, réaffirmant la primauté d’un modèle agricole local, durable et rémunérateur, face à des logiques purement financières.
Un vœu rejeté par l’assemblée. Un résultat surprenant qui met à jour l’hypocrisie d’un grand nombre d’élu·e·s qui affichent une pseudo-opposition à ce traité devant les caméras.
















